French Storytelling Comes to HopeSpring
La grande quête
de Zoé
Il était une fois une fille qui s’appelait Zoé. Pendant plusieurs années, elle fut très malade. Elle ne pouvait pas aller à l’école et elle passait des semaines entières à l’hôpital, où les médecins et les machines qui bipaient l’entouraient. Elle avait l’impression que la vie continuerait ainsi pour toujours, un défilé sans fin de tests et de traitements, mais un jour, les médecins lui dirent qu’elle allait mieux. Ils lui sourirent et lui dirent qu’elle pouvait quitter l’hôpital, qu’elle pouvait reprendre la « vie normale ». « Vous avez gagné la bataille », dirent-ils. Heureuse de ne plus être malade, Zoé rentra donc chez elle.
…
Vous pensiez que c’était la fin de l’histoire, n’est-ce pas ? Eh bien, ce n’est que le début !
Zoé essaya de reprendre la vie normale. Le problème, c’est qu’elle ne se souvenait même pas de ce qu’était la « vie normale ». Tous les autres semblaient le savoir. Et d’une manière ou d’une autre, tous ses anciens amis d’école continuaient la vie normale sans elle.
Elle se sentait seule. Étrange. Triste. Et elle avait peur. Elle avait peur des camarades de classe qu’elle ne connaissait plus. Et elle avait peur du monde qui avait tant changé pendant sa maladie. C’était non seulement le monde qui lui faisait peur, mais aussi son propre corps, car la maladie pouvait revenir un jour. Elle ne savait pas quoi faire. Elle ne savait pas comment être courageuse.
Et le monde continuait à bouger même si elle ne se sentait pas prête. Très vite, son premier jour d’école arriva.
Zoé prépara sa boîte à dîner (avec une brique de lait et un sandwich comme toujours) et mit son sac à dos. Au moment où elle quittait la maison, son téléphone portable sonna. C’était un texto de sa mère, qui avait dû partir tôt au travail ce matin-là.
– J’aimerais pouvoir m’échapper de la réalité, dit Zoé à haute voix. Pas aller au parc d’attractions, mais vraiment entrer dans un monde de contes de fées, comme ceux que j’ai lus.
– T’en es sûr ? dit une vieille voix grinçante.
Zoé sursauta. Elle se croyait seule. Mais en tournant la tête, elle vit une vieille dame à ses côtés, elle aussi en train de regarder la publicité. En particulier, elle semblait fixer l’image de la sorcière.
– Ils n’arrivent jamais à dessiner mon nez comme il faut, remarqua-t-elle en secouant la tête. Mais bon, toi, t’es sûr de vouloir t’échapper de la réalité ?
Zoé dit oui de la tête. La vieille dame la regarda de près.
– Et pourquoi ? demanda-t-elle. Le monde s’ouvre devant toi, et tu veux t’en échapper ?
– Mais si ! Le monde ne s’ouvre pas devant moi, il m’a laissée derrière. Tout a changé, je n’ai plus d’amis, je dois tout recommencer et j’ai peur. J’ai peur de tout !
Zoé rougit, surprise d’avoir parlé si franchement à une étrangère. Mais la vieille dame ne faisait plus attention, elle fouillait dans son sac à main pour trouver quelque chose.
– Aha !
Elle sortit un petit bâton. Zoé le regardait sans rien comprendre.
– Je sais exactement ce dont tu as besoin. Pas de temps à perdre, allons-y !
Avant que Zoé ne pût réagir, une lumière brillante jaillit du bâton que la vieille dame agitait et puis—POUF—les deux disparurent.
-◊-
Lorsque Zoé ouvrit les yeux, elle se retrouva dans un petit chalet rempli de flacons de différentes couleurs et formes.
– Ça va ? demanda la vieille dame, qui portait maintenant un chapeau noir pointu très voyant. Tu as l’air un peu étourdie. C’est normal, il faut un certain temps pour s’habituer à la téléportation…
– Vous êtes sorcière ? demanda Zoé en se frottant les yeux.
– Oui, et tu es maintenant dans le monde des contes de fées, comme tu voulais. Pas de questions, il n’y a pas de temps. Tu dois partir en quête tout de suite, pour trouver ce dont tu as besoin. Tiens, voici ton premier indice.
La sorcière lui donna une petite feuille de papier. Zoé la lut à haute voix :
Mon premier est la deuxième syllabe de la boisson chaude qui me réveille chaque matin.
Mon deuxième est le nombre qu’il faut pour ne plus être seul.
Mon troisième suit le sol et précède le si.
Mon quatrième est celle qui donne de la vie et du lait.
Mon tout est une créature magique qui adore l’eau mais ne nage pas.
– J’ai aucune idée, dit Zoé, frustrée.
Elle ne savait pas pourquoi, mais elle se sentait déjà déterminée à compléter la quête et à découvrir ce dont elle avait besoin selon la sorcière.
– Bien sûr que tu n’as aucune idée, je l’ai prévu. Il te faut de l’aide et je sais exactement qui te servira. Il y a un étudiant de l’Université des Créatures Curieuses et des Mystères Magiques qui s’appelle Georges, un type très intelligent qui adore les charades.
– Comment puis-je le trouver ?
– C’est très simple, dit la sorcière en lui donnant un bâton en bois. Il faut agiter cette baguette magique et chanter une certaine chanson afin d’accéder à mes pouvoirs de téléportation. Tu peux l’utiliser dès que tu te sens perdue pendant ta quête, et je te téléporterai là où tu dois être. Alors, voici la chanson…
Elle commença à chanter sur un air de « Sur le pont d’Avignon. »
Sorcière, aidez-moi
La magie, il faut m’en donner
Sorcière, emmenez-moi
Là où j’ai besoin d’aller
Sans perdre ni un moment, Zoé répéta la chanson en agitant sa nouvelle baguette magique. Le monde commença à basculer. Juste avant qu’elle ne disparût, la sorcière lui offrit un dernier conseil : « T’inquiète pas de sa taille ! »
– Quoi ?
Mais c’était déjà trop tard. Quand Zoé ouvrit les yeux, elle n’était plus au chalet de la sorcière, mais au centre d’une grande bibliothèque d’un air médiéval. Elle était seule avec des étagères géantes qui se dressaient à ses côtés.
Soudain, elle entendit un bruit de pas pesants derrière elle. Lorsqu’elle se retourna, elle se trouva face à une paire de grands genoux à l’aspect plutôt poussiéreux.
– Bonjour, dit une voix amicale.
Zoé leva les yeux et vit deux grandes mains tenant un livre minuscule devant une poitrine large. Puis elle leva les yeux encore une fois, jusqu’à voir la tête de ce géant. Il avait une expression sympathique mais elle avait tout de même peur. Il lui fallut un moment pour trouver sa voix.
– Je cherche un étudiant qui s’appelle Georges, dit-elle. Puis elle se souvint des derniers mots de la sorcière concernant la taille. Est-ce que ça pourrait être vous ?
– Oui, en effet, dit Georges le géant en souriant. Comment puis-je t’aider ?
Zoé s’introduisit, lui expliqua sa quête et lui montra la charade difficile. Georges devait tenir le minuscule papier très soigneusement entre deux doigts et plisser les yeux pour lire l’écriture, qui, bien que suffisamment grande pour Zoé, était très petite pour un géant.
– Ooo, j’adore les charades et les devinettes. Celle-ci vient d’une sorcière, n’est-ce pas ?
– Comment l’avez-vous su ? demanda Zoé.
– Eh bien, les sorcières adorent les devinettes. La première devinette que j’ai résolue était pour une sorcière qui avait promis de me rendre de taille normale. Mais ça n’a pas marché, comme tu peux bien le voir.
Zoé fronça les sourcils. Elle pouvait comprendre le désir d’être normal.
– Est-ce que vous étiez très déçu ? demanda-t-elle. Si ça ne vous dérange pas de me le dire…
– Oui, je l’ai été au début. Mais finalement, j’ai appris quelque chose de cette expérience. Il est parfois impossible d’obtenir ce que l’on pense vouloir, mais on peut apprendre de ces déceptions et trouver ses propres solutions. On peut apprendre de tout, tu vois ? Pas seulement des livres, mais de chaque expérience, chaque jour.
Le géant rougit.
– Désolé, je bavarde alors que je devrais être en train de résoudre la charade !
– Non, c’est pas grave, dit Zoé. Vous savez, je... je voulais être normale aussi, mais je sais que c’est impossible.
– Tu n’es pas seule, dit Georges. Tu veux savoir ce que j’ai appris depuis que je suis à l’Université des Créatures Curieuses et des Mystères Magiques ? Personne n’est normal, que ce soit un géant, un être humain ou une fée. Tout le monde a quelque chose de bizarre ou de difficile dans la vie. La mienne est juste plus évidente à première vue...
Il s’interrompit, les sourcils froncés.
– Oh, j’ai compris ! dit-il soudain. La boisson qui me réveille—le café, deuxième syllabe « fé » ; le nombre qui n’est plus seul : deux ! puis, la note musicale entre sol et si : la ! Et enfin, celle qui donne de la vie, mère !
– Je comprends maintenant, s’écria Zoé. Fé, deux, la, mère… la créature qui aime la mer mais ne sait pas nager... La Fée de la Mer !
– Exactement, dit Georges. Je crois qu’il faut aller la chercher !
– Vous venez avec moi ? demanda Zoé en souriant.
– Mais bien sûr ! S’il y a une sorcière dans cette quête, tu auras peut-être besoin de moi pour répondre à quelques devinettes ! Le voyage jusqu’à la mer risque d’être long, cependant...
Mais il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Zoé n’avait qu’à agiter sa baguette et chanter la chanson magique que la sorcière lui avait donnée, toujours sur un air de « Sur le pont d’Avignon » :
Sorcière, aidez-moi
La magie, il faut m’en donner
Sorcière, emmenez-moi
Là où j’ai besoin d’aller
POUF ! Juste comme ça, les deux disparurent de la bibliothèque sans laisser de trace.
-◊-
Ils réapparurent, avec un grand PLOUF, au milieu de la Mer Magique. L’eau était au-dessus de la tête de Zoé, mais pour Georges, c’était comme une pataugeoire peu profonde. Il mit Zoé sur son épaule et ils regardèrent les vagues déferlantes dans l’espoir d’apercevoir la petite fée qu’ils cherchaient.
D’abord ils entendirent son rire gargouillant et puis elle surgit des embruns et vint planer devant le nez de Georges.
– Eh bien, qu’avons-nous là ? demanda-t-elle gaiement.
– Fée de la Mer ! dit Zoé. J’ai besoin de votre—
– Appelle-moi Meri, interrompit la fée. Et ne me vouvoie pas, ça m’ennuie.
– Alors, Meri, j’ai besoin de ton aide.
Elle expliqua sa quête et la charade qui les avait menés jusqu’à la mer. Mais le sourire de la fée disparut.
– Je suis désolée, mais je ne jette plus de sorts sur les êtres humains. Une fois, j’ai transformé les larmes d’un garçon en algues, et ça a été un désastre total ! Il se trouve que c’est bon pour les êtres humains d’exprimer leurs émotions.
Elle pinça les lèvres en regardant Zoé.
– Tu as essayé ça ? D’exprimer tes émotions, je veux dire. Je ne comprends pas très bien les êtres humains, mais ça semble être important pour eux.
Zoé voulait exprimer sa frustration.
– Si tu ne peux pas nous aider, pourquoi la sorcière nous a-t-elle envoyés ici ? demanda-t-elle.
Meri s’égaya à nouveau.
– Je sais ! dit-elle. Elle devait vouloir que vous m’aidiez !
-◊-
Zoé sentait que sa quête s’égarait, mais elle ne savait pas quoi faire d’autre. Elle et Georges suivirent donc la fée le long de la plage jusqu’à une falaise rocheuse remplie de grottes marines, tout en l’écoutant parler de la bête mystérieuse que des poissons et des mouettes avaient aperçue à cet endroit.
– J’avais trop peur pour l’affronter toute seule, admit Meri. Mais maintenant que je vous ai tous les deux ici, ça va aller. N’est-ce pas ?
Georges sourit nerveusement mais ne parla pas.
– Quel genre de bête est-ce ? demanda Zoé. Peut-être que Georges a lu quelque chose à ce sujet.
– Personne ne sait, dit Meri. Tout ce qu’ils ont vu, ce sont des ombres... Bon, une mouette a mentionné des yeux jaunes qui brillaient dans le noir. Mais elle a tendance à exagérer, je n’accorderais pas trop de crédit à ce qu’elle dit…
Ils avaient atteint la bouche de la grotte. La voix de la fée s’éteignit alors qu’elle regardait dans l’obscurité qui engloutissait toute la lumière.
Zoé pouvait sentir son cœur battre la chamade. « Le fait qu’on ne sait pas ce qu’on va trouver... ça me fait encore plus peur », réfléchit-elle.
Elle regarda Georges et vit qu’il tremblait. Meri avait un air nonchalant, mais Zoé pouvait voir qu’elle aussi était presque paralysée par la peur d’affronter l’obscurité profonde. En regardant ses deux compagnons, Zoé sentit une petite flamme de courage s’allumer en son cœur. Ils avaient besoin de son aide ; elle devait être courageuse pour eux.
« Affronter l’inconnu... mon imagination ne fait qu’empirer les choses, se dit-elle. Il vaut mieux plonger dans l’inconnu, sans trop y penser. »
La peur était toujours là, mais Zoé pouvait avancer malgré elle. Elle sortit de sa poche la baguette que la sorcière lui avait donnée et vit qu’elle brillait faiblement. Quand elle fit un pas vers la grotte, la lumière s’éclaircit. Elle tapota le genou de Georges, et invita Meri à s’asseoir sur son épaule. Puis elle s’enfonça dans l’ouverture sombre, la baguette tenue bien haut.
Au début, elle ne voyait que des ombres sur les parois rocheuses. Puis elle entendit quelque chose, un petit bruit piteux, comme les pleurs d’un bébé. Et puis elle vit le loup.
Il regarda Zoé avec des yeux jaunes et brillants. Un grognement montra ses dents (au cas où vous vous posiez la question, il s’agissait de très grandes dents, pour mieux manger de grandes proies). Zoé faillit lâcher sa baguette et courir en hurlant vers la lumière du jour, mais elle vit quelque chose bouger derrière le loup. C’était un louveteau, un tout petit chiot qui était l’avorton de la portée. Il pleurait doucement en se cachant derrière son compagnon adulte pour se protéger.
– Oh, mon petit ! s’exclama Zoé sans réfléchir. Nous ne te ferons pas du mal, ne t’inquiète pas !
– Ah bon ? dit le loup adulte d’un ton sarcastique.
– C’est vrai, dit Zoé. Et nous n’avons pas l’intention de vous faire du mal non plus.
– T’as pas intérêt à t’en prendre à moi pour te venger du petit Chaperon rouge, je ne lui ai jamais fait du mal. Bon, j’ai peut-être mangé sa grand-mère, mais ils me l’ont enlevée avant de la digérer. J’ai encore les cicatrices au ventre pour le prouver. Viens voir ! (Il s’agissait effectivement de très grandes cicatrices, pour mieux attirer la sympathie des spectateurs).
– Et maintenant, continua le loup, le maudit bûcheron m’a chassé de la forêt et m’a forcé à vivre dans cette grotte humide et misérable !
– Et le petit ? demanda Zoé.
– Oh, lui. Il avait été abandonné dans la forêt parce qu’il était l’avorton de la portée et je… Eh bien (Le loup détourna le regard, comme s’il était gêné) j’ai pensé l’aider, puisque j’étais moi-même un avorton et que je sais combien c’est difficile.
– C’est très gentil de votre part, remarqua Zoé en s’approchant un peu plus. Le petit loup continua de pleurer.
– Ha, ça a été un cauchemar du début à la fin. Le petit a tellement faim qu’il pleure jour et nuit mais il ne veut rien manger de ce que je lui donne. J’ai dû essayer tous les poissons de la mer !
Meri fit un bruit mécontent mais Georges l’interrompit, prenant la parole pour la première fois. (Il avait dû marcher à quatre pattes dans la grotte derrière Zoé et il se sentait plutôt à l’étroit).
– D’après ce que j’ai lu sur les bébés mammifères, je pense qu’il doit avoir besoin de lait. Il n’est pas encore assez grand pour survivre avec de la viande, dit-il.
– Du lait ? Et où suis-je censé en trouver, je te le demande ? dit le loup indigné.
Zoé se redressa. Elle retira son sac à dos et l’ouvrit.
– J’en ai ici ! dit-elle, en sortant la brique de lait de sa boîte à dîner. Puis son enthousiasme diminua. Mais il n’y en a pas beaucoup, ça ne va pas durer.
– Je m’en occupe ! dit Meri en se détachant de l’épaule de Zoé. Je sais exactement le sort qu’il nous faut.
Et elle chanta sur un air d’ « Au clair de la lune » :
Ô mer vaste et douce
Donne-moi un cadeau
Prête-moi ton aide
Pour sauver ce loupiot
Il a tellement faim
Il a besoin de lait
Remplis cette brique
Chaque jour pour le sauver !
Zoé ouvrit la brique de lait qui ne se viderait jamais grâce à la Mer Magique et regarda le louveteau en boire, sa petite queue remuante.
– Et voilà, dit Zoé en se tournant vers le loup adulte. Maintenant que le petit n’a plus faim, il aimera peut-être vivre au bord de la mer.
Le loup avait un air dubitatif.
– Au fait, les loups ont les pattes palmées, dit Georges. Ce sont d’excellents nageurs, malgré les apparences.
– Oh, j’ai une idée géniale ! s’écria Meri, ravie. Je peux enseigner au loupiot à nager !
– Il faudrait un sort magique de plus pour y arriver, grommela le loup.
– Eh bien, je jetterai un autre sort ! Tu es d’accord, n’est-ce pas Zoé ?
– Oui, bien sûr, dit Zoé. Mais… si tu vas faire plus de magie, tu pourrais me jeter un sort aussi ? Pour m’aider à trouver ce dont j’ai besoin ?
Meri fit la moue.
– Tu sais déjà que je ne jette pas de sorts sur les êtres humains… mais de toute façon, tu n’as plus besoin d’un sort. Tu as déjà accompli ta quête.
– Quoi ? Comment est-ce possible, je n’ai fait que t’aider, toi et le loupiot. Je n’ai pas encore trouvé ce dont j’ai besoin, quoi que ce soit.
– Tu en es sûr ? demanda Georges, en caressant soigneusement le louveteau avec le bout de son petit doigt. Je pense que tu as trouvé quelque chose… ou appris quelque chose. Peut-être les deux.
Zoé fronça les sourcils.
– Peut-être que la sorcière peut m’expliquer les choses, dit-elle.
Elle se baissa et caressa le louveteau entre les oreilles. Puis, sur un coup de tête, elle caressa aussi le loup adulte. Il fit semblant d’être énervé, mais elle pouvait voir que ça ne le dérangeait pas.
« L’inconnu ne s’est pas avéré aussi effrayant que je le craignais », se dit-elle. Elle remercia Georges et Meri pour leur aide et leur dit au revoir. Enfin, elle leva sa baguette lumineuse et commença à chanter :
Sorcière, aidez-moi
La magie, il faut m’en donner
Sorcière, emmenez-moi
Là où j’ai besoin d’aller
Et POUF, elle disparut.
-◊-
Zoé réapparut sur le trottoir devant la publicité d’Aventures Féeriques. Elle était de retour dans le monde réel. Meri avait-elle raison ? Sa quête était-elle terminée ? Où était la sorcière ?
Elle fixa la représentation de la sorcière dans la publicité. Oui, le nez était vraiment infidèle. Le géant et la fée en arrière-plan étaient assez réalistes, mais ce nez... Sans réfléchir, elle ouvrit son sac à dos et en sortit sa trousse. Avec quelques coups de marqueur, elle améliora admirablement le trait le plus proéminent du visage de la sorcière.
– Aha ! la vieille voix grinçante l’interrompit à nouveau. Je vois que tu m’as rendu service.
Zoé se retourna.
– Vous êtes de retour, dit-elle. Et ma quête ? Est-elle terminée ?
– Tu as trouvé ce dont tu avais besoin, répondit la sorcière. Et maintenant tu es exactement là où tu dois être.
– Comment puis-je trouver ce dont j’ai besoin alors que je ne sais même pas ce que c’est ?
– Tu sais, dit la sorcière. De quoi as-tu besoin pour envoyer ce message à ton ancien camarade de classe ? Pour franchir ces portes-là ?
Elle fit un geste vers l’école.
– Du courage, je suppose, dit Zoé. Mais j’ai toujours peur !
– Bien sûr que tu as peur ! s’exclama la sorcière. Si tu n’avais pas peur, tu ne pourrais pas être courageuse. Et tu t’es montrée très courageuse, assez courageuse pour accepter que personne n’est normal, pour demander de l’aide et en donner aux autres, pour affronter l’inconnu. Je pense que tu es prête.
Zoé regarda l’école à l’autre côté de la rue. Elle avait toujours peur, mais elle savait qu’elle pouvait aller de l’avant.
– Voulez-vous que je vous rende la baguette magique ? dit-elle en la lui offrant.
– Oh non, j’ai un tas de baguettes chez moi. Garde-la comme cadeau, puisque tu as réparé mon nez, dit-elle en souriant. Bon courage, Zoé.
Zoé remit la baguette dans sa poche et sortit son téléphone portable. Quand elle leva les yeux, la sorcière avait disparu. Le monde réel autour de la fille n’avait pas du tout changé pendant son séjour au monde des contes de fées ; il y avait des publicités accrochées partout, le bruit de la circulation, les élèves comme elle qui se dirigeaient vers les portes de l’école. Cela lui fit presque penser que toute cette quête n’était que le fruit de son imagination. Mais non, la baguette était toujours dans sa poche, ses vêtements étaient encore humides de la Mer Magique et il manquait la brique de lait dans sa boîte à dîner. La sorcière avait peut-être raison. Peut-être qu’elle avait trouvé ce dont elle avait besoin.
Elle commença à taper un message sur son téléphone en marchant vers les portes.
Zoé : Salut Alya, ça fait longtemps. Comment ça va ? Je retourne à l’école aujourd’hui, j’ai hâte de voir tout le monde ! Au fait, peux-tu me prêter un dollar à l’heure de dîner ? On dirait que j’ai perdu ma brique de lait… C’est une longue histoire, il faut que je te la raconte un jour…
La fin
…
Vous pensiez vraiment que c’était la fin cette fois-ci ? Eh bien, c’est peut-être la fin de ce petit conte, mais sachez que les aventures de Zoé ne font que commencer…
À plus !
Page Options